KENYA

Le soleil se lève alors que nous entamons la descente dans un ciel bas sur Nairobi.
Nous récupérons nos bagages, retirons de l'argent au distributeur tandis que pas mal de personnes désirent nous « rendre service » afin de nous trouver un taxi ou réserver un hôtel. Nous suivons Pete, un aimable chauffeur de taxi qui nous fait le meilleur prix. Pendant la course, il n'arrête pas de parler surtout pour vendre un safari et va même jusqu'à passer par son office avant de nous conduire à un hôtel. Le premier n'est pas bien et finalement nous nous posons au Down Town Hotel où nous nous installons dans deux chambres à cause de la grandeur. Le prix total est acceptable vu l'état impeccable des lieux. Les travaux du chantier d'en face ne gêneront pas la nuit.
Je lessive la crasse du Caire. Bref, nous essayons de ne pas trop dormir. Il est midi. Allez, debout ! il faut se bouger.
Nous faisons un tour de ville en direction la Gulf Air, notre prochaine compagnie d'aviation. Nous sommes sans cesse sollicités par des gars qui nous proposent des safari et nous filent le train. Quand nous arrivons à nous débarrasser d'un c'est pour en récupérer un autre. A notre arrivée, c'est l'heure de la pause qui dure encore une demie heure. En attendant 14h, nous voulons nous asseoir sur des marches dehors mais un petit vigile nous en empêche et nous nous asseyons plus loin, hors de sa vue. Dès que le bureau ouvre, nous nous renseignons sur les fréquences des vols pour Dehli et Kathmandou : il y en a trois par semaine. Bon, nous réserverons plus tard.
A l'ambassade de France, logée dans un nouvel immeuble, une employée sympathique nous donne le feu vert pour notre périple au Kénya : faire attention bien sûr, mais pas plus qu'ailleurs. Elle photocopie nos passeports par sécurité et donne les numéros de téléphone de l'Ambassade et du Consulat à Mombasa. Nous pourrons donc visiter le pays en évitant simplement le Nord.
En revenant vers l'hôtel, nous entrons dans des boutiques tenues en général par des Hindous. ...Une fois à nos chambres, nous flânons en essayant toujours de ne pas trop dormir : mais nous avons du mal à fixer nos esprits. Nous sortons simplement manger une platée de frites avec des saucisses au restaurant du coin. Retour à l'hôtel et vite enfin au dodo.

Mardi 14 octobre

Lever en catastrophe à 8h 30 : le téléphone sonne dans la chambre des enfants qui dormaient paisiblement ! Patrick s'y précipite et trouve Arnaud avec le récepteur à bout de main qui appelle « Papa, papa » C'est notre Pete d'hier qui appelle pour le safari ! Je lui dis « il est bien trop tôt, nous passerons tout à l'heure » et je raccroche. Bon, maintenant que tout le monde est réveillé, nous descendons petit déjeuner au restaurant d'à côté. Au passage à la réception, nous sommes attendus par une femme à qui nous signifions que nous aimerions petit déjeuner tranquillement. Ouf, à l'intérieur du resto nous sommes en effet à l'abri des solliciteurs qui attendent tous dehors. Nous mangeons un super breakfast et nous replions à notre hôtel où son très aimable patron, Moïse, nous met en garde contre certains rabatteurs notamment la femme de tout à l'heure qui n'est qu'une « bonne parleuse ».
En avant pour le snake-farm qui n'est pas trop loin à pied.. Le soleil et l'air est vif : il est vrai que nous sommes à 1600m d'altitude et pratiquement sur l'équateur. La balade est sympa malgré la circulation, mais à côté du Caire, ce n'est rien. La visite de la ferme aux serpents passionne les enfants. Nous restons un moment à tourner autour du vivarium où ne figurent que des serpents non venimeux et de cage en cage où là, par contre, évoluent les espèces dangereuses : nous observons les mambas qui daignent ramper ou se dresser devant nous sur la vitre, les cobras aussi avec leur tête plate lorsqu'ils veulent intimider. Plus loin, nous voyons les tortues, crocodiles et iguanes dont un des seuls mortels au monde.
En sortant, nous faisons un tour par les cases modèles de l'ancien habitat kikuyu. Nous y restons longtemps, laissant nos enfants jouer dans ce lieu paisible. Ils vont souvent regarder les crocodiles visibles d'ici. Des petits enfants d'une école sont eux aussi en visite à la ferme : un endroit bien vivant.
Au retour, alors qu'il commence à pleuvoir et que nous voulions voir quelques agences pour un safari, nous sommes encore accostés par deux gars : rigolos mais tout de même collants ! Ils nous accompagnent à la compagnie concurrente et leur promettons d'aller ensuite à la leur. Nous arrivons à marchander mais réservons notre réponse car, comme promis nous suivons les deux gars dans leur boite : une femme nous y renseigne en nous parlant doucement, clairement. L'anglais devient presque agrrréable. Bref, nous faisons affaire, elle finit de nous convaincre en baissant encore son prix. Nous partirons six jours pour les réserves de Masaï Mara, Nakuru et Amboselli.
Nous buvons un pot avant de rentrer à l'hôtel et faire l'école aux enfants. Il y a déjà quelques jours qu'ils ont délaissé les cours et ce ne sera pas pendant le safari que nous les ennuierons. Il reste deux rédactions à Arnaud et un devoir de sciences et aussi une rédaction pour Sandra. Ils ont pratiquement fini lorsque nous descendons manger à notre restaurant habituel. Nous revenons vite à la chambre en attendant qu'il y ai moins de monde, « trente minutes » nous a-t-on dit. Un coup de fil nous avertit de venir ?! Nous n'avions pas précisé où nous étions. Ici, nous avons l'impression que tout le monde sait tout sur tout le monde. En effet, nous avons une table de réservée à notre arrivée. Nous mangeons bien : des frites évidemment car au Kénya ce sont de vrais frites comme en en trouve de moins en moins chez nous.
Vite à l'hôtel, il n'y a même pas dix mètre à faire et c'est tant mieux car les rues de nuit sont crainteuses.

Mercredi 15 octobre

Nous réveillons les enfants et partons petit déjeuner. Au retour à la chambre, nous recommençons les devoirs ainsi les enfants sont à jour pour la semaine.
Vers 13h, nous nous dirigeons à la Poste afin d'envoyer les évaluations et notre fameux paquet que nous traînons depuis l'Egypte. Elle est assez loin mais la balade n'est pas désagréable. Le soleil cogne très fort entre les nuages qui, pour certains sont très noirs au loin. Il est plus simple ici d'envoyer des colis par mer : nous n'attendons pas et tombons sur une charmante doudou essayant de parler à Sandra en faisant mine de la garder avec elle. Après avoir collé notre série de timbre (pour 12 F), nous revenons par le Centre de Conférence Kenyatta avec sa tour ronde au milieu qui commence un peu à vieillir alors que maintenant d'autres tours émergent dans le centre ville. Nous traversons le Centre, son esplanade où se tient « la semaine du livre » et longeons le City hall, un vieux bâtiment de style victorien de l'ancien Nairobi. Nous parcourons quelques bookshops mais aucun ne possède de livres en français, aussi nous installons-nous au restaurant à prendre un pot alors que les enfants eux, prennent une petite collation.
De retour à nos chambres, nous préparons notre sac pour le safari et les affaires que nous laisserons à la garde de l'hôtel. Le temps d'aller dîner, nous voici au bain et allons essayer de dormir malgré le bruit : dehors dans le parc proche, un orchestre reggae distille sa musique qui, entre parenthèse est excellente.

Jeudi 16 octobre

7h 30, Nous nous préparons et réveillons les enfants pour démonter les moustiquaires. Nous descendons petit déjeuner et revenons à l'hôtel attendre le minibus qui arrive enfin vers 9h 30. Nous commencions à nous poser des questions !
Il nous mène non loin de là, à l'office où Patrick va payer le reste du safari, puis acheter une réserve d'eau minérale. Pendant ce temps, quatre personnes montent dans le van : deux Finlandaises et deux Israëliens. Nous sommes donc au complet. J'ai aperçu ces infos sur le livre que nous fait remplir la femme de l'agence qui nous laisse bientôt aux bons soins de notre chauffeur-guide. Nous quittons Nairobi par la route de Naivasha puis bifurquons vers le Longonot pour atteindre le haut du Rift Valley dans lequel nous plongeons : c'est impressionnant ! Nous apercevons de temps à autres des gazelles et même des singes. Arnaud s'endort bientôt et nous ne le réveillons qu'en arrivant à Narok, notre arrêt déjeuner.
Un restaurant en plein air nous accueille et nous sert un léger buffet. C'est bien et surtout tentant pour un petit garçon à l'extérieur qui nous fait des signes pour manger. Discrètement, je sors avec un petit sandwich que je lui refile. En mangeant, nous observons les tables autour où de nombreux Masaïs ont pris place. Une femme aux couleurs de vêtements très vives, passe. Les uns nous regardent mais nous aussi les regardons, chacun d'une curiosité sympathique. Au-dehors, ce sont les vendeurs de bibelots des magasins qui nous abordent de façon charmante et rigolote : il est difficile de refuser !
Nous reprenons alors notre route. Les enfants sont aux anges de voir tous ces Masaïs. Ils sont pour la plupart, les fiers bergers des nombreux troupeaux que nous croisons. Nous entamons une dure piste en tôle ondulée alors qu'en parallèle une route est en construction. Les enfants font un somme et se réveillent pour la fin du trajet et ainsi voir des antilopes, zèbres, singes, topis, gazelles de Thomson, gazelles de Grant, éléphants, girafes mais aussi des grandes termitières. Ouah, les éléphants, qu'ils sont beaux ! Nous passons à côté d'un couple dont l'un des membres fait mine de charger : aïe, Arnaud a les pépettes !
A 18h, nous atteignons notre camp tenu par des Masaïs qui discutent autour d'un feu. Nous nous installons dans deux tentes voisines. C'est très bien. Le temps d'aller boire un petit thé, nous installons nos moustiquaires et regardons la pleine lune se lever. Nous mangeons dans une grande salle avec un autre petit groupe composé d'Israëliens. C'est bon et nous avons l'occasion de parler avec la Finlandaise qui va parcourir une bonne partie de notre voyage en sept mois. Elle part pour l'Inde, le Népal, le Tibet, la Thaïlande etc... Après manger, nous écrivons un peu sur le topo dans cette salle, à la lueur des faibles néons au-dessus de la table. Vers 10h 15, nous nous replions à nos tentes sous la pleine lune alors que les Masaïs palabrent toujours autour du feu. Nous nous coulons sous nos moustiquaires et dodo.

Vendredi 17 octobre

Lever 6h 30. Nous nous habillons vite fait et hop, au petit déjeuner ! Pas de temps à perdre, il est 7h lorsque nous montons dans notre van et reprenons la piste. Nous passons de nombreux villages masaïs mais aussi les troupeaux et leurs bergers. Quelle allure ! Finalement, nous entrons dans le parc de Masaï Mara par la porte d'Oloolaibutiak. Maintenant, plus de Masaïs puisqu'ils ont été poussés au-dehors, il ne reste que des animaux. Nous dépassons des troupeaux de gnous, de zèbres et admirons des éléphants. Arnaud n'a plus peur. Ce matin, nous voyons aussi des autruches, antilopes, mangoustes et vautours. Nous avons grand faim lorsque, vers 2h, nous nous arrêtons manger en pleine brousse : la petite salade est la bienvenue. Nous profitons aussi de nous dégourdir les jambes.
L'après-midi commence beaucoup plus monotone : nous ne voyons plus que quelques gazelles par-ci par-là. Vers 15h 30, notre chauffeur veut de prendre de l'essence à Keekokok Lodge : pas d'essence ! ll redémarre et nous commençons à être inquiets. Et c'est alors que, nous croyant sur le retour, le spectacle de la fin de journée nous réserve un sacré bouquet final. Il faut dire que notre chauffeur a récupéré un jeune garçon masaï qui a sacrément l'oeil et trouve tout ce qu'il veut. Cela commence par trois lions faisant la sieste sous des arbustes, ensuite des rhinocéros en haut d'une colline que nous gravissons pour arriver à côté, puis des éléphants, des girafes, deux guépards, un troupeau de lionnes et enfin un serval.
Il est temps alors de rentrer car le jour baisse et nous repassons la même porte que ce matin pour sortir du parc. Nous revoyons enfin des gens qui rentrent chez eux : beaucoup de femmes aux habits rouges, jaunes, noirs enfin toutes couleurs possibles : superbes ! Les bergers rentrent avec leurs troupeaux. Nous faisons un détour par Oseur Camp et sa station Total mais c'est peine perdue car, après avoir attendu un moment que le pompiste arrive du camp, c'est pour assister à tous ses essais infructueux pour pomper l'essence à l'aide d'une manivelle. « Pas de problème pour rentrer jusqu'au camp », nous dit le chauffeur, mais pour demain matin il en faudra bien.
La nuit tombe et il est 7h 10 lorsque nous rentrons à notre campement. Nous totalisons douze heures de voitures : heureusement que le spectacle valait la peine et les enfants ont apprécié. Nous nous rendons à la salle pour attendre le dîner en buvant d'abord un thé puis en nous installant à écrire et dessiner pour les enfants. Nous nous enfilons alors une bonne platée de spaghettis bolognaise et recommençons nos écritures. Les Israëliens, ils sont six, sont bien bavards alors que la Finlandaise fait aussi son topo en face de moi : nous nous remémorons les animaux vus aujourd'hui. Sandra les a tous notés au fur et à mesure et Arnaud a fait la même chose. Dire que pendant ce temps notre chauffeur doit être en train de chercher de l'essence car il est reparti tout à l'heure dans la foulée. En pleine nuit, on se demande comment il se débrouille dans la savane. Au dodo.

Samedi 18 octobre

Lever 6h 20. Le temps de ranger les moustiquaires, nous réveillons au dernier moment les enfants qui dorment à poings fermés. C'est terrible mais tant pis, vite au petit déjeuner.
Nous partons dès 7h en repiquant sur la réserve de Masaï Mara avec notre chauffeur qui est revenu vers 11h hier ! Nous déposons un Masaï dans la lande et continuons vers le parc au milieu des troupeaux de vaches. Dans le parc, ce n'est plus le même tableau : plus de Masaïs et leurs troupeaux. Nous suivons des pistes au milieu des hordes de gnous et de zèbres qui sont en pleine période de grandes migrations. La seule autre chose de notable, si ce n'est évidemment la beauté du paysage avec ses énormes étendues fauves, c'est le repas d'une vingtaine de vautours autour d'une carcasse de gnou. Nous revenons alors à l'entrée du parc pour y faire une pause puis filer vers la lointaine réserve de Nakuru.
L'infecte piste nous fait bondir sur nos sièges. Les enfants dorment ou dessinent de temps en temps. Inutile de demander des dessins aux traits réguliers ! Nous longeons la future route en train d'être re-surfacée au milieu d'un énorme plateau semé de buissons épineux. Nous nous reposons un peu lorsque, enfin, nous atteignons le bitume puis faisons une halte à Narok. La route continue alors, droite mais les descentes et les côtes se succèdent sans cesse. En réalité nous devons plus descendre car nous nous dirigeons vers le Rift Valley.
Dans le rétroviseur, nous observons avec inquiétude les yeux du chauffeur qui clignotent dangereusement. L'allure du véhicule qui zigzague quelque peu, est moins régulière. Nous faisons signe à l'Israëlien placé derrière lui, qui aussitôt se met à lui faire la conversation. Nous rigolons derrière, soulagés, devant ses efforts : il va même jusqu'à demander si on s'arrête bientôt manger car nous avons très faim. Ce n'est pas vrai mais cela suffit pour le réveiller.
Nous stoppons enfin vers 14h dans un petit snack où nous nous installons tous les huit autour d'une table sous un abri de plein air. C'est bon surtout que la faim était réellement venue. Nous laissons nos deux Israëliens et roulons en direction de Nakuru en regrimpant au-dessus du rift puis en passant par Naivasha. Le paysage a changé : la vue sur le massif des Aberdares éclairé par un soleil dans un écrin de nuages noirs, est superbe... Nous atteignons notre camp de Nakuru vers 18h. Encadré de murs surmontés de barbelés on se croirait dans un camp de concentration.
Nous investissons deux tentes en y installant nos moustiquaires. Les enfants eux, se défoulent à courir et à jouer à s'attraper entre les tentes. Après la journée dans le bus, c'est tant mieux. Nous faisons notre toilette et prenons un thé dans la salle de restaurant où nous nous installons à écrire et à dessiner sous les néons plus puissants qu'hier. A 19h 30 nous dînons : hum, la bonne platée de spaghettis à la sauce tomate mélangée à des carottes. Tout le monde va se servir plusieurs fois, c'est un signe...

Dimanche 19 octobre

Lever 6h 30, comme d'habitude. Après le dépliage des moustiquaires, nous remballons tout et prenons notre petit déjeuner dans la salle. Le minibus des Israëliens est là aussi mais après la visite du parc il partira pour celui de Samburu.
En attendant, en route pour la réserve de Nakuru dont l'entrée est tout proche. Dès que nous sommes à l'intérieur du parc, nous voyons de nombreux phacochères puis, au loin, une lionne en train de poursuivre deux phacochères qui détalent devant elle à vive allure. Finalement elle s'arrête : ils ont eu chaud et s'en sont bien tirés ! Quelques tours de roues plus loin , deux lions passent tranquillement leur chemin sans se soucier le moins du monde de notre van arrêté pour les laisser traverser.
Pour un début de balade, nous sommes comblés. Bientôt, nous distinguons fugitivement un léopard se faufilant discrètement entre les herbes et les arbres puis de tranquilles rhinocéros et c'est tant mieux vu la taille ! Aujourd'hui, notre chemin traverse des bois ; cela change des grandes étendues de la savane. Il y a de nombreux oiseaux puis, bien sûr, en approchant du lac, des flamands roses qui, s'ils sont moins nombreux qu'autrefois, sont en nombre suffisant pour faire joli. Par contre au désespoir d'Arnaud, pas un seul pélican. Nous marchons un peu jusqu'au bord tout plat comme ce lac qui a très peu de fond. Nous nous délassons ainsi les jambes et faisons quelques photos malgré le temps bas. Le bus d'Israëliens est là aussi, nous commençons à nous connaître. Nous reprenons notre véhicule qui nous conduit en haut du rochers aux babouins, sur un magnifique belvédère pour voir le lac en entier avec les animaux évoluant autour, surtout de grandes antilopes, des waterbucks. Un babouin vient non loin de nous mais tout en gardant sa distance et avec ce spectacle, Sandra a du mal à revenir au minibus qui nous ramène bientôt à la sortie du parc. Il est 11h, direction Nairobi !
Nous passons Naivasha et roulons sur une route souvent défoncée. Alors que la pluie se déchaîne, nous atteignons Nairobi vers 13h. Le chauffeur nous dépose devant un Whimpy, quelle chance ! Nous mangeons avec les deux finlandaises qui nous quittent là. Le gars qui doit payer ne nous a pas rejoint lorsque nous sortons et les serveurs très inquiets sont enfin rassurés lorsqu'il apparaît : en fait, lui et le chauffeur ont été loué le matériel de camping. Finalement, nous déposons d'abord les Finlandaises à leur hôtel puis quittons Nairobi. Premier arrêt à la station service pour un petit incident : un pneu crevé. Le temps de la réparation de la roue permet à Patrick de discuter avec le chauffeur pour lui dire de revenir, vu tout le temps perdu : la perspective de la route et de planter la tente en pleine nuit par un temps pareil, nous rebute. En fin de compte, ce dernier propose de nous déposer à Namanga pour coucher à l'hôtel et d'aller le lendemain, selon le temps, à Amboselli. Ok, c'est plus rassurant !
Nous roulons de nouveau à vive allure sur une route bien bitumée mais dangereuse à cause parfois de gros trous mais aussi de troupeaux de vaches. A 17h, nous atteignons Namanga, la dernière ville avant la frontière tanzanienne.
L'hôtel, composé de bungalows dans une végétation agréable, est sympa : hibiscus, frangipaniers et bougainvillées. Une autruche s'y trimbale, elle n'a qu'un an et demi, mais nous la croyions plus vieille avec sa grande taille. Nous nous installons dans deux chambres dont l'électricité marche dans une. Il n'y a pas d'eau malgré tout l'équipement, mais l'endroit doit manquer de flotte ! Le soleil est revenu et il fait bon. Le Kilimanjaro se dégage en fin de journée, ainsi au-dessus de la cime des arbres devant nous, son sommet nous apparaît enneigé et brillant au soleil couchant. Daniel, le gérant de l'hôtel vient toujours nous demander si tout va bien. Vers 7h, nous allons manger un repas concocté par l'aide de notre chauffeur : c'est bon ! Il s'appelle Jonas mais nous ne savons toujours pas le nom du chauffeur.
Il est 9h 30 lorsque nous regagnons nos chambres. Dans le noir, nous passons devant un Masaï assis immobile. Sandra attend que j'ai fini d'écrire pour dormir, alors extinction de la lampe à pétrole.

Lundi 20 octobre

Notre chauffeur doit faire réparer son pneu mal réparé hier. Il est heureux que nous nous soyons arrêtés dans cet hôtel. Dès la fin du breakfast, composé de succulents et nombreux pains perdus, nous montons dans notre van avec sa roue en bon état. C'est tant mieux car nous entamons une mauvaise piste pratiquement toute en tôle ondulée. Nous passons des villages masaïs dont un, planqué derrière de grands monolithes, et nous retrouvons une heure trente plus tard à l'entrée du parc d'Amboselli. Pendant que notre chauffeur règle l'entrée, trois Masaïs viennent essayer de vendre leurs beaux bijoux colorés. Nous achetons un petit bracelet pour Sandra à un prix un peu élevé même si nous avons beaucoup fait baisser : ce n'est pas grave pour 20F car il vaut mieux que ce soit pour eux, sympathiques au possible. De plus, nous avons le loisir de les observer tranquillement en discutant ensembles. Au revoir, nous traversons maintenant une meilleure piste sur un immense plateau très plat pour arriver à notre campement.
Nous laissons le cuistot qui installera les tentes et partons faire un tour dans le parc d'Amboselli. C'est en fait un immense lac dont une partie est sèche. Dans le marécage, évoluent les gnous, zèbres et phacochères. Le chauffeur nous dépose en bas d'une colline que nous grimpons à pied. D'ici, la vue sur le lac juste en-dessous est superbe : un éléphant y prend le frais ainsi que des zèbres et des hippopotames alors qu'au loin Arnaud est heureux d'apercevoir enfin ses pélicans. Ce matin, il fait beau et chaud mais le Kilimanjaro demeure sous une tonne de nuages...
...Il est 13h lorsque nous rentrons au camp. Les toiles de tentes ont une allure bizarre et avec le vent violent d'aujourd'hui nous avons intérêt à les consolider. Nous mangeons sur une toute petite table de camping, la tambouille que notre cuistot nous a préparé : une fricassée de légumes et une salade de fruits. Nous avalons des tonnes de poussière en même temps. Pour cet après-midi, notre chauffeur nous propose de ne repartir qu'à 16h après une petite sieste. C'est ok, cela nous permet de faire le tour du camp et d'observer les nombreux oiseaux ou singes chapardeurs. Les enfants s'amusent sous la toile de tente à dessiner. Ils ne sont pas mécontents de camper même si les tentes semblent s'envoler à chaque coup de vent. Peu avant 16h, nous prenons un thé avant de partir avec le minibus à la découverte du parc. Au début, à part le paysage et la beauté des Masaïs traversant la lande, en animaux, nous ne voyons pas grand chose. Nous surveillons le Kilimanjaro qui nous dévoile peu à peu son sommet arrondi, très fugitivement. Sur le retour, vers 18h, un troupeau d'éléphants s'ébat dans le marais au soleil descendant. Nous revenons alors en évitant le champ de lave de tout à l'heure. Le paysage est magnifique mais le vent est d'une violence inouïe.
Au camp, nos tentes sont toujours là et nous y installons nos couchages. A 7h, alors qu'il fait nuit, nous mangeons tous les quatre autour de la petite table de camping, à la lueur d'une lampe tempête et c'est le mot car une tempête de vent fait rage. Heureusement que la tambouille est bonne et l'on se demande comment notre cuistot a pu se débrouiller pour cuisiner tout cela. Les enfants ont un peu froid mais n'ont pas l'air de trop s'en faire. Le ciel étoilé est magnifique. Tout à coup, le vent tombe comme par miracle ! C'est tant mieux pour le moral car nous redoutions de nous coucher, et nous en profitons pour allumer nos deux petites bougies à l'intérieur des toiles.
Tout à l'heure, Patrick avait discuté avec le chauffeur et les gardes masaï et raconté que nous avions grimpé au Kilimanjaro il y a douze de cela : ils se demandent bien ce qui poussent les blancs à toutes ces grimpettes et que cela ne leur viendrait pas à l'idée de le faire. De même, ils ont l'impression que les touristes viennent uniquement au Kenya pour les animaux et pas pour eux. Ils sont très étonnés lorsque nous leur racontons que dans notre cas c'est loin d'être vrai car justement il y a douze ans, nous avions passé trois mois au Kenya et en Tanzanie sans avoir vu la queue d'un lion ou d'un éléphant !
Je me calfeutre avec Sandra sous une tente et Patrick fait de même avec Arnaud. Les éléments sont calmes maintenant.

Mardi 21 octobre

Je sommeille depuis 4h du matin comme Patrick dans la tente voisine alors que les enfants dorment comme des loirs. Vers 6h, nous pointons chacun le bout de notre nez au dehors, histoire de voir le temps. Tout à coup, alors que le jour se lève, une énorme masse aux belles défenses blanches approche pour déguster l'arbuste qui nous fait face. Nous gardons notre position sans bouger mais je réveille tranquillement Sandra qui vient de suite pointer son nez dans la fente de la fermeture. On sait qu'il nous voit et nous profitons à plein du spectacle de cet éléphant à quatre ou cinq mètres de nous. Enfin, il s'en va alors que deux Masaï le suivent et que l'un d'eux jette sa lance pour le faire fuir. Faut être culotté mais cela fait partie de leur vie.
Dans le coup, nous sommes bien réveillés et nous apercevons notre chauffeur qui sort de la cabane où il s'était réfugié avec le cuistot, pour la nuit. Ils avaient abandonné leur toile brinquebalante. Ils sont doués pour beaucoup de choses mais pas pour monter la tente. Les autres Masaï ont aussi vu le coup de tout à l'heure et nous disent avoir vu l'éléphant rôder tout près des tentes. Comme le dit le chauffeur, « j'aimais mieux ne pas y être, c'était dangereux ! ». C'est sympa pour nous !
Arnaud se réveille seulement car Patrick n'avait pas osé le réveiller de peur qu'il panique. Maintenant il le regrette mais Nono ne semble pas trop déçu. Nous nous trimbalons dans le camp pendant la préparation du breakfast et regardons les traces fraîches et cacas des éléphants mais aussi les petits singes essayant de venir chaparder de la nourriture et les beaux oiseaux bleus et oranges. Au petit déjeuner sur notre petite table, nous sommes loin de pouvoir tout finir. Le cuistot et le chauffeur mangent aussi tandis que les trois Masaïs présents finissent tout ce qui reste. Ils ont bon appétit les bougres mais c'est tant mieux. Ils sont jeunes et ne doivent pas forcément se nourrir chaque jour à leur faim...
... Nous levons alors le camp en emmenant un des Masaï avec nous dans le minibus pour le déposer à Namanga. Notre van emprunte alors la route du retour. Il emprunte du hors piste et son chauffeur a un moment failli s'égarer. Heureusement, le Masaï à ses côtés lui a tout de suite montré la bonne direction : il semble connaître chaque buisson. Pas que les buissons d'ailleurs car il salue beaucoup de monde au passage. Nous le quittons à Namanga, à la station service où nous ne trouvons pas d'essence. C'est une habitude ! Par contre, une meute de mamas Masaï essaie de nous vendre les bijoux, très beaux soit, mais aussi se proposent comme sujet de photo. Nous n'avons pas là le plus bel échantillon de la beauté car elles ont de l'âge mais elles ont de la « gueule » et sont très sympathiques quand même, agglutinées autour de Patrick. Au revoir.
La piste est terminée et nous roulons sur une route sous une pluie battante. Nous trouvons enfin une station service avec du carburant. Au moins, nous ne tomberons pas en panne d'essence ! Par contre, à une dizaine de kilomètres avant Nairobi, nous crevons en doublant un camion. Heureusement que le soleil fait juste son apparition car il faut tout sortir du coffre pour atteindre la roue de secours réparée d'hier. Cela ne prend pas de temps et c'est temps mieux quand quelques minutes plus tard, le déluge remet çà. Notre chauffeur dépose Jonas devant chez lui avant de nous laisser en face de notre hôtel. Nous traversons en courant entre les gouttes, enfin, pas vraiment.
Nos chambres sont réservées et nous nous y installons avec bonheur. Notre première action, c'est le bain revigorant : nous sommes couverts de crasse. Il faut dire que nous avons avalé des tonnes de poussière. En deuxième, nous mettons toutes les affaires que nous avions au safari, dans la baignoire pour la lessive. Je ne sais comment je vais faire sécher tout cela mais tant pis. Les enfants ont retrouvé les Légo et font des dessins pour leurs mémés. Nous sortons pour une petite collation puis pour le dîner à 6h. Nous mangeons à la Trattoria qui est plus cher mais la pizza est bonne même si j'ai du mal à finir. Les enfants sont en pleine forme. Après les jours que nous venons de vivre, on peut dire qu'ils sont taillés pour les conditons difficiles. Le retour à l'hôtel est plus long par les rues peu sûres de la capitale, mais Nono veille et est prêt à faire du karaté.
Nous revenons sans encombre mais il était temps à cause du déluge qui reprend. Nous flânons, écrivons, bouquinons et écoutons la radio..

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